Des anciens condamnés à mort en grève de la faim qui demandent l'accès aux droits sociaux comme le logement et l'emploi, à eux et à leurs descendants. Cette information ne peut que provenir d'Algérie. En effet, une soixantaine de membres de l'Association des anciens condamnés à mort entre 1954 et 1962 se sont arrêtés de manger, dimanche dernier, pour réclamer leur réhabilitation, notamment le statut d'officier de l'ALN. Que faut-il en penser ? Il faut d'abord penser tout court, à ceux qui n'ont pas eu la chance de survivre, 217 Algériens ayant été guillotinés par la justice coloniale.
Ensuite, pourquoi pas, le budget alloué au ministère des Moudjahidine est en constante inflation, aussi important que si l'Algérie faisait une guerre mondiale tous les 10 ans. On pourrait donc inclure ces anciens condamnés à mort avec tous les avantages liés, l'Algérie n'étant plus à quelques millions de dollars près. Mais de façon générale, cette grève de la faim repose le problème récurrent du rapport à la mort et au passé, toujours surgissant, avec cette question centrale : faut-il récompenser ceux qui ont survécu, ceux qui sont morts, les femmes et les enfants de ceux qui sont morts ou de ceux qui ne sont pas morts ? Tous, dirait le ministre des Moudjahidines, dont la générosité est légendaire, tous, même ceux qui n'ont pas fait la guerre mais y étaient.
L'époque est ainsi faite et, dans un registre qui n'a peut-être rien à voir, un jeune Tunisien tentant de commettre un attentat kamikaze avant-hier dans un hôtel pour touristes, à Sousse, a été repéré et pourchassé par les agents de sécurité de l'hôtel. Le kamikaze s'est enfui et s'est fait exploser sur une plage déserte, non loin de l'hôtel. Aucune victime n'est à déplorer, à part lui-même. Si mourir guillotiné pour la patrie est une mort très honorable, celle de ce Tunisien est probablement la plus ridicule de ces dernières années.